Mardi 7 avril, le réseau ÉCLORE 29 (École Collège Lycée Édouard Branly, Châtellerault) recevait monsieur Zakhartchouk, formateur ÉSPÉ Paris et rédacteur des Cahiers Pédagogiques, pour une conférence sur l’acquisition de l’autonomie de l’élève.
Après avoir échangé avec les élèves de 1re STI2D Énergie Environnement du lycée Branly au travail sur le projet « Sauter pour ELA » le matin (article à lire prochainement dans Les Cahiers Pédagogiques), monsieur Zakhartchouk a consacré l’après midi à la réflexion autour de l’acquisition de l’autonomie de l’élève.
Il propose une approche de l’autonomie assez large qui permet de « dévoluer » le problème posé à l’élève. Il définit ainsi l’autonomie comme la prise de décision, le choix de la méthode à mettre en œuvre, la stratégie et l’explication à posteriori de ce que l’élève a réalisé pour résoudre le problème. L’autonomie n’est pas une différenciation du rythme qui enfermerait l’élève dans sa lenteur. L’acquisition de l’autonomie, la progression dans ce domaine est perpétuelle et nécessite des phases à rythme et à difficultés différentes. L’exigence est obligatoire dans la construction des connaissances.
La conférence se poursuit sur 10 manières de faire acquérir de l’autonomie à l’élève :
- Apprendre à apprendre : s’approprier les outils pour apprendre, verbaliser ses apprentissages. Il pointe les dangers du « métier élève » qui renvoie à une conception pavolvienne de l’apprentissage.
- Avoir des responsabilités dans la classe, dans l’établissement. Les responsabilités peuvent être fonctionnelles (en charge de la distribution des documents, du cahier de texte…) ou cognitives (responsable de la ponctuation dans la production collaborative d’un texte par exemple. La prise de responsabilités entre élèves comme l’aide aux devoirs, le tutorat est également un levier intéressant dans la prise d’autonomie.
- Participer à des projets inscrits dans le temps. La pédagogie de projet doit être utilisée dans l’objectif d’apprentissage et non dans l’objectif de production de réalisation même si l’aboutissement d’un projet par la construction d’une maquette est essentielle à la finalisation du projet. La démarche réflexive est primordiale et doit être inscrite dans la vie du projet.
- Pratiquer l’auto-évaluation, la co-évaluation. Cette pratique permet de comprendre les critères d’évaluation et de s’approprier les objectifs d’apprentissage.
- Favoriser le choix. Il s’agit de mettre l’élève dans la situation de décision face à deux méthodes, face à deux exercices l’un plus difficile que l’autre par exemple. Il peut choisir l’économie d’aller vers la facilité comme la difficulté pour relever un défi. Si le choix est proposé, il est important de le respecter et de ne pas l’orienter. Le « repos » ou le « confort » choisi est important pour l’élève.
- Installer des moments réflexifs. L’enseignant doit s’ouvrir au dialogue pédagogique, être en mesure de poser des questions dont il ne connait pas la réponse, questionner l’élève sur la manière dont il a appris, sur le parcours qu’il a suivi. La méta-cognition est un élément primordial des apprentissages ; l’expression du chemin parcouru est plus important que le résultat obtenu car il favorise le transfert vers d’autres domaines et renforce la capacité à apprendre.
- Alterner des moments de « risque » et des moments de « sécurité » sans jamais sacrifier la difficulté au profil de la réussite. Ce point, basé sur la théorie de Lev Vigotsky à propos de la zone proximale de développement, est illustré par la dictée où les « s » des pluriels sont prononcés : « les moutons » devient « les moutonsses ». La difficulté est obligatoire pour apprendre ; son contournement ne conduit pas aux apprentissages.
- Conjuguer « je dois » et « je peux ». M Zakhartchouk présente ici la distance nécessaire que l’enseignant doit avoir dans la didactique de la discipline, dans la connaissance des programmes et l’histoire de l’enseignement de la discipline. Ces compétences de l’enseignant permettent de prendre du recul sur le contenu des programmes et d’expliquer aux élèves les attendus de la société et les attendus de la classe dans la discipline concernée.
- Posture « passerelle » de l’enseignant : rôle de médiateur entre les attentes de l’école et les cultures de l’élève. Ne pas occulter les compétences « dormantes » de l’élève – celles qui ne sont pas sollicitées par l’école – s’en servir comme appui pour aller vers d’autres compétences (découverte ou renforcement)
- « Aider à se passer d’aide ». Construction de l’autonomie de l’élève : faire des choix, décider, cheminer seul, faire des erreurs et apprendre de ses erreurs…
La conférence s’est terminée par un échange avec les enseignants présents autour des thèmes exposés et de 22 propositions d’action de renforcement de l’autonomie.